LA PROBLÉMATIQUE DE L’OBSTACLE

L’Obstacle est en danger. Je comprends mal la méthode Coué appliqué à la communication officielle de France Galop sur le thème « tous les indicateurs sont au vert ».  Et c’est hélas encore moins juste lorsqu’il s’agit de faire le point sur la santé de la discipline de l’Obstacle.

L’équilibre Plat/Obstacle

 Conscient de la complexité du sujet, j’aborde ce sujet avec humilité, ayant été moi-même longtemps en charge de traiter des questions de l’Obstacle à France Galop. J’ai eu à lutter contre les attaques de ceux qui voulaient diminuer les allocations en obstacle pour renflouer celles du plat en combattant, réunion après réunion, la répartition dite du 2/3 – 1/3. Des attaques qui existent encore, la gouvernance précédente n’ayant pas pu convaincre de la nécessité d’inscrire ce principe dans les statuts de France Galop. Je n’ouvrirai pas ce débat des statuts une nouvelle fois mais je prendrai l’engagement formel de maintenir le 2/3 – 1/3 sur la répartition des allocations pendant la durée de mon mandat.

Mais pour cela il faut redonner à l’obstacle sa visibilité et aux acteurs de la discipline une confiance en l’avenir aujourd’hui perdue comme en témoigne la perte imprévue de deux Quintés supplémentaires cette année, l’évolution du nombre de chevaux à l’entraînement et le nombre de courses creuses qui, malgré les efforts entrepris, reste trop important.

Le PMU regarde l’obstacle avec méfiance dans le meilleur des cas, avec hostilité bien trop souvent. Les statistiques montrent en effet qu’un Quinté d’Obstacle est financièrement moins productif qu’un Quinté comparable en Plat ou au Trot. Mais le PMU devra comprendre que sur le long terme, la disparition de l’obstacle du paysage proposé aux joueurs entraînerait un grave déséquilibre de l’ensemble de l’édifice.

Or depuis plusieurs années, la visibilité de l’obstacle a considérablement diminué. Le PMU a obtenu la transformation de Quintés d’Obstacle en Quintés de Plat (de 45 en 2016 à 41 en 2023). Sous la pression du PMU j’avais moi aussi déjà dû céder dans cette voie. Aujourd’hui nous sommes allés trop loin. La transformation de réunion 1 en réunion de fin de journée ou du matin ont aggravé cette perte de recettes. On a été jusqu’à permettre que la magnifique réunion du samedi du grand week-end de novembre (Grand Prix d’Automne- Serge Landon, Prix Congress, Prix Bournosienne, Prix de France !) ne soit plus en réunion 1 dorénavant acquise aux trotteurs.

L’argument visant à défendre cette option est que seule compte la recette finale, qu’elle soit générée par le Trot, le Plat ou l’Obstacle. Je pense que c’est une vision naïve car elle nourrit les arguments des adversaires de l’Obstacle qui à terme obtiendront ainsi la remise en cause du 2/3 -1/3. Je redis que si je suis Président je maintiendrai cette répartition comme une règle intangible. Mais nul n’est éternel et nous devons construire les grands équilibres dans la durée… bien au-delà de nos personnes. On ne peut se satisfaire d’une évolution qui aura fait passer la contribution de l’Obstacle aux recettes nettes de France Galop d’un peu plus de 10% à une contribution négative en 4 ans. L’accepter ça serait donner des arguments aux adversaires de l’Obstacle.

Il faudra donc procéder à des révisions pour combattre cette spirale de récession mortifère pour l’obstacle.

L’Obstacle et ses racines en région

La disparition des parcours d’obstacle en région est également source de préoccupations. La diversité des parcours d’obstacle est un élément important de la richesse de la discipline et de la qualité de nos processus de sélection. Sur les 224 hippodromes du territoire français, il ne reste plus que 93 champs de courses qui courent en obstacle (y compris Auteuil). Une pente dangereuse qui pénalise les acteurs des courses et conduit petit à petit à la disparition de la culture obstacle chez les turfistes. La situation du Sud-Est est à cet égard révélatrice. C’est une région où la moyenne des enjeux est élevée. C’est aussi là où l’obstacle disparaît le plus vite. Et en plus certains préconisent la disparition du meeting d’obstacle de Cagnes sur Mer par ailleurs indispensable à l’équilibre d’un certain nombre d’écuries d’obstacle. Je resterai un avocat lucide mais déterminé de ce meeting.

Enfin, il faut réfléchir à l’équilibre du programme d’Obstacle et à son caractère infiniment élitiste. Je pense que l’obstacle est une formidable porte d’entrée par la qualité du spectacle, l’adrénaline qu’il dispense mais aussi pour attirer de nouveaux propriétaires avec une mise de départ souvent plus raisonnable. L’Obstacle doit valoriser son caractère populaire et accessible. Ainsi il faut s’interroger sur les raisons qui ont guidé la gouvernance actuelle à augmenter tout au long des 4 dernières années le nombre de courses de Groupe ou à les faire passer dans la catégorie supérieure et dans la précipitation de la fin de mandature, à souhaiter la promotion de nouvelles courses de Groupe et au même moment la baisse d’allocations de quelques beaux handicaps d’Auteuil. Faire de la politique du programme de sélection – au profit d’un nombre limité de bénéficiaires – une priorité me semble injustifié. C’est à mon avis prendre le problème à l’envers car c’est d’abord la base de la pyramide en province comme au cœur du programme parisien, qu’il faut renforcer et la chasse aux courses creuses qu’il faut organiser. Il faudra revoir l’ordre de priorités.

Auteuil, vitrine de l’Obstacle

L’hippodrome d’Auteuil est un lieu unique dans le monde compte tenu de sa situation exceptionnelle en ville, avec une sortie de métro et des lignes de bus RATP qui permettent au public d’accéder facilement au site phare de l’obstacle. Or, il a toujours fallu se battre pour obtenir des budgets d’investissements pour Auteuil dont certaines parties sont en bien mauvais état. J’ai eu à me battre pour la construction du Karly Flight puis de sa terrasse. J’ai dû me battre pour obtenir un grand écran permanent face à la tribune présidentielle. A chaque fois les arbitrages budgétaires faisaient la part plus belle aux hippodromes de plat et surtout, évidemment, à Longchamp. A l’évidence, Auteuil est en retard de modernisation.

Jacques Détré a obtenu un accord de principe du Conseil d’Administration pour dégager un important budget d’investissement pour Auteuil. Une concession à peu de frais puisqu’en fin de mandat ceux qui ont approuvé ces budgets savaient parfaitement qu’ils n’auraient pas à les concrétiser et que les décisions concrètent seraient l’apanage des gouvernances suivantes. Des études intéressantes ont été réalisées. Des consultations nombreuses sont en cours. Sans doute faudra-t-il faire preuve d’imagination et voir l’avenir du « temple de l’obstacle » avec de l’ambition. Mais la seule question qui vaille est de savoir ce que rapporta un investissement de 40 ou 50 millions pour revisiter Auteuil, et dans quels délais. Après les investissements de Longchamp puis l’achat de l’immeuble Thémis, notre trésorerie, comme notre trajectoire financière des prochaines années doit nous inciter à la prudence. Or dans les dossiers que j’ai pu voir, aucun « business plan » n’a été évoqué. C’est pourtant la priorité absolue.

Enfin, une réflexion de long terme doit être menée sur nos Centres d’Entraînement à vocation « Obstacle » à proximité de la région parisienne. Moins de chevaux à Maisons Laffitte, moins de chevaux à Chantilly (malgré les installations de qualité qui y subsistent comme à Coye la Forêt) aggravent la tendance à la baisse du nombre de partants à Auteuil et à Compiègne. Si on ajoute que le Galop a progressivement diminué sa présence dans la région Nord (ou le Trot reste actif), on peut trouver, pour une part, des raisons d’expliquer la baisse de partants en obstacle en région parisienne.

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