Autant le dire clairement, je n’aime pas cette expression de « carte de France des hippodromes » qui a trop servi d’alibi pour ceux qui voulaient ouvrir un débat portant essentiellement sur la fermeture des hippodromes.
Alors Président de la Commission des Régions à France Galop, j’ai moi-même participé à cette politique de réduction de la voilure mais en obtenant qu’elle soit fondée sur des critères objectifs et surtout – pour ne pas dire presque exclusivement – sur celui de la sécurité des hommes et des chevaux. Ce critère-là n’est en effet jamais négociable.
Voyons les choses en face. Depuis 2011, 37 hippodromes ont été rayés de la carte du Galop français. Notre institution s’en porte-elle mieux ? Non.
Pour l’essentiel le public qui se rendait sur un hippodrome dont on a décidé la fermeture ne s’est pas reporté ailleurs. Les économies ont été mineures, d’autant que les courses des hippodromes fermés ont été reportées sur d’autres sites.
Sur les 224 hippodromes actuellement en activité en France, seuls 125 courent au Galop. Le Trot, lui, a conservé l’essentiel de ses implantations territoriales. S’en porte-t-il moins bien ? Non.
Quant à la discipline de l’Obstacle elle perd progressivement sa substance. L’Obstacle ne fonctionne plus que sur 92 hippodromes (hors Auteuil). Il sera de plus en plus difficile de défendre une juste parité Plat/Obstacle sur la base du 2/3 – 1/3 avec un tel déséquilibre croissant. La disparition d’hippodromes fait peser un risque supplémentaire sur la pérennité de l’obstacle. Autant on peut concentrer – mais c’est regrettable – des courses de plat sur moins d’hippodromes notamment pas un recours plus fréquent aux PSF, autant la disparition de parcours d’obstacle est durablement préjudiciable.
Je souhaite qu’on cesse de considérer nos hippodromes de province comme des boulets ou des centres de coûts mais comme une richesse qu’on peut mieux exploiter, comme autant de vitrines qui permettent l’éclosion de vocations nouvelles de turfistes, de propriétaires, d’éleveurs, d’entraineurs, de jockeys, de pré-entraîneurs, de bénévoles. Le Président de France Galop n’est pas juste le Président de la Société-mère mais le garant de l’ensemble de notre filière. Je souhaite qu’on considère notre implantation territoriale comme une richesse et un levier de croissance.
On parle parfois de faire de nouveaux audits pour choisir les hippodromes qui doivent exister et en condamner d’autres. Cette démarche est hypocrite. L’équilibre économique d’un hippodrome dépend si souvent de ce que Paris veut en faire. La « rentabilité » d’un hippodrome dépend tellement du calendrier, de nombre de courses ou de réunions Premium. Autant de critères imposés depuis Paris.
Oui, il appartient à France Galop de diriger notre filière, de rendre les arbitrages, d’assurer la cohérence des calendriers, des programmes afin d’éviter que trop de conditions de courses ne se télescopent, que trop de courses soient en concurrence les unes avec les autres. Ces décisions sont en effet de la responsabilité de France Galop. Mais nos instances régionales, et notamment les Comités Régionaux ne sont pas en situation de remplir pleinement leur rôle.
Sans moyens, œuvrant sur des territoires très vastes, beaucoup trop de Comités Régionaux se réunissent peu, se reposant uniquement sur la bonne volonté de leur président. Il faudra revoir le fonctionnement de nos Instances Régionales pour en optimiser le fonctionnement et en faire, au sein d’une Commission des Régions enfin statutaire, des structures opérationnelles. Ainsi il ne doit plus être possible de supprimer des réunions de courses, de modifier des pans entiers de programmes sans mettre en œuvre au préalable une consultation soit directe soit avec la médiation des instances régionales.
Enfin le maillage territorial de nos hippodromes doit être un levier pour la reconquête du public et le développement de vocations nouvelles de propriétaires, d’éleveurs, de spectateurs et de parieurs. Qu’il s’agisse d’initiatives individuelles de sociétés régionales ou d’opérations coordonnées par des Fédérations régionales, les opérations visant à la promotion des courses doivent faire l’objet de retours d’expérience afin que partout en France (et y compris sur les hippodromes parisiens) on puisse s’inspirer de ce qui marche et en tirer des leçons adaptées aux environnements locaux. Les services de communication de France Galop n’ont ni les moyens ni de raisons d’intervenir directement sur l’ensemble des hippodromes mais doivent pouvoir jouer un rôle d’appui, de conseil, de partage des expériences et ne pas limiter leur périmètre d’action aux seuls hippodromes gérés par France Galop. A l’image de ce qui se fait pour apporter une aide financière aux sociétés de courses qui ont des investissements à réaliser, je souhaite réfléchir à un soutien matériel aux grandes opérations de communication en région.
Il nous faudra convaincre le Trot de la pertinence de cette priorité afin d’envisager avec eux un transfert de moyens vers la Fédération Nationale des Courses Françaises, structure qui doit être à même de traiter les sujets transversaux de nos deux spécialités. Il faudra, avec le Trot, se poser la question de l’efficacité réelle d’une présidence tournante, une année sur deux, confiée au Président de chacune des Société-mère.
Pour reprendre la formule maintes fois citée de Jean-Luc Lagardère, France Galop n’est pas Paris Galop et ce thème de la vie des régions est évidemment prioritaire.